L’EDC du parfait archiviste!

FRANÇOIS CARTIER, Chargé de cours

L’EDC, vous connaissez? Si vous avez pensé à Exportation et Développement Canada, vous vous trompez. Les Éleveurs de Dindons du Canada ? Pas plus!  En fait, « EDC » est un acronyme pour le terme anglais Every Day Carry. La traduction la plus fidèle que j’ai trouvé est : « Votre arsenal quotidien ». Ça donne VAQ et, honnêtement, ce n’est pas terrible comme acronyme. Et « arsenal », ça fait un peu militaire. Alors vous me permettrez de continuer avec EDC, que je trouve moins brutal que VAQ.

L’EDC, c’est tout simple : il s’agit de l’ensemble des objets que vous portez sur votre personne d’une façon quotidienne. On ne parle pas nécessairement de tout ce qui se trouve dans votre sac à dos ou votre sac à main. L’EDC représente davantage les petits objets utiles : porte-clés, petit canif, téléphone mobile, montre, briquet, etc. Si vous êtes dans le pays de l’Oncle Sam, cela peut aussi inclure une arme, mais laissons ce sujet à d’autres.

Au départ, l’EDC était surtout l’affaire des survivalistes, ceux et celles qui veulent être prêts à tout en cas de pépin ou, d’une façon plus extrême, ceux qui redoutent une catastrophe à grande échelle. Pour les curieux, un article sur ce site de survivalisme expose bien l’affaire : http://www.labibledusurvivalisme.com/every-day-carry/

De plus en plus, l’EDC est aussi devenu une affaire de style. Les magazines (surtout pour hommes) y réfèrent souvent. On ne parle pas ici d’objets qui vous aideront à repousser des zombies dans un monde post-apocalyptique, mais plutôt de ceux qui peuvent vous rendre service dans toutes sortes de situations du quotidien : un crayon, une montre, un petit canif (je sais, c’est illégal dans certains lieux), un téléphone intelligent, une lampe de poche miniature, etc.

Un exemple d’EDC, tout en noir! Source : http://everydaycarry.com/posts/26105/2018-all-black-winter-edc

Quel est le lien entre l’EDC et l’archivistique? Je crois que si le gentleman prévoyant peut se bâtir son propre EDC, l’archiviste devrait aussi avoir sa petite trousse personnelle pour vaquer à ses occupations quotidiennes. Que vous travaillez dans les archives historiques ou en gestion documentaire, certains items peuvent s’avérer très commodes. En me basant sur mon expérience, je vous propose donc ici quelques petits objets que vous devriez toujours avoir à portée de main en milieu de travail :

Image : François Cartier

  1. Des signets : toujours commode pour marquer où se trouvait le dossier qu’on a sorti d’une boite, pour indiquer la place d’un document dans un dossier ou bien pour marquer une page dans un document relié (comme un registre, un spicilège ou un journal personnel). Pour s’en faire rapidement, on peut sacrifier quelques chemises sans acide et les découper en languettes. Si on a besoin d’un matériau plus robuste, on peut utiliser du Neutracor, par exemple.
  2. Un calepin de notes avec un crayon à la mine : ce n’est pas absolument nécessaire d’avoir un calepin, mais à tout le moins du papier sur lequel écrire. J’aime bien un petit bloc-notes (acheté ou bricolé soi-même), car il est facile à transporter si on se déplace d’une salle à une autre. Et pas besoin d’avoir oeuvré longtemps dans les archives pour savoir qu’on est presque continuellement en train de prendre des notes à propos des documents sur lesquels on travaille !
  3. Des post-it : oui, je sais, ils ont une partie collante qu’on ne devrait pas mettre sur des documents. Mais ils sont saprement commodes pour identifier temporairement des boites ou des chemises. De plus, je l’avoue, il m’arrive d’en mettre temporairement sur des documents. Pas sur un parchemin issu de la Nouvelle-France, ni sur une photo, mais à l’endos de certains documents de façon à consigner de l’information pour une courte période de temps.
  4. Un ruban à mesurer : les archivistes, ça aime mesurer ! Pour compléter nos notices descriptives, pour connaître les dimensions d’un documents lorsqu’on lui préparer une pochette, pour évaluer l’espace qui reste dans une boite, etc. On règle pourrait faire l’affaire. Elle peut même servir de signet, mais ceci devient malcommode quand on doit mesurer quelque chose et que la règle est plantée entre deux dossiers dans une boite ! Un petit ruban à mesurer, soit du type illustré dans l’image ci-dessus, soit un ruban de tailleur, font très bien l’affaire.
  5. Un petit couteau ou un canif : l’outil à tout faire ! Vous devez démonter un ancien registre dont la reliure est vissée ? Votre canif peut vous aider ! Vous devez retirer une agrafe qui est fixée aux deux pages de la correspondance que vous devez numériser ? Sortez le canif ! Vous devez décoller de façon délicate une photographie qui se trouve dans un album complètement acidifié ? Sortez votre lame ! J’ai toujours mon petit couteau suisse à portée de main et je vous dirais qu’il est utilisé presque à tout les jours !
  6. Les incontournables gants blancs : l’outil de prédilection de l’archiviste. Il sert autant à protéger vos documents qu’à préserver vos doigts de la poussière et des autres substances que transportent souvent nos archives. Il y a des opinions variables sur l’utilisation des gants. Certains les trouvent qu’ils réduisent notre dextérité fine et augmentent les risques d’endommager les documents par de maladroites manipulations. D’autres les utilisent en tout temps. En ce qui me concerne, je ne porte mes gants que pour les photographies, le film, les objets ou les documents à fini glacé, par exemple. Le reste du temps, tant que je garde mes mains propres, je préfère le contact direct des doigts sur les documents. Notons en terminant que les gants de latex ou de nitrile peuvent faire l’affaire, mais je ne me vois pas porter ces machins toute une journée !
  7. Une loupe : parce que des fois c’est écrit petit ! Ou bien vous voulez voir si le point noir sur le document est une tache d’encre ou une déjection de mouche. Ça peut vous éviter de devoir numériser un document pour grossir un détail qui est difficile à voir à l’œil nu. Il se vend de petites loupes comme celle qui se trouve dans l’image ci-haut. Elles sont faites de plastique et on la taille d’une carte de crédit. Même si elles ne sont pas très puissantes, vous pouvez les traîner partout.
  8. Un téléphone intelligent : au 21e siècle, c’est devenu un essentiel. En plus de vous garder connecté dans votre salle de traitement des archives, ses utilités sont nombreuses du point de vue archivistique :
  • Avec une application de numérisation (comme Scanner Pro, par exemple ; gratuit), sa caméra peut vous servir à numériser des documents à des fins de traitement, de documentation ou même de partage. Ce type d’application vous permet même de passer les documents à l’OCR (Reconnaissance optique des caractères). Bien entendu, un vrai numériseur fera le travail des fins de conservation ou de diffusion.
  • La caméra peut aussi servir à zoomer sur un détail et vous aider à interpréter ce que vous voyez. Cela peut remplacer en quelque sorte la loupe traditionnelle.
  • Le microphone intégré et l’application de dictaphone peut vous permettre de prendre des notes vocales pendant votre travail. À la limite, il peut même vous permettre d’enregistrer un copie d’un document sonore.
  • Le chronomètre intégré au téléphone peut vous aider à minuter un document sonore ou audio-visuel, ou sinon à minuter le temps que vous passer sur une tâche, si nécessaire.
  • Un de vos documents mentionne un nom de personne ou de ville que vous ne connaissez pas ? Votre ordinateur est à l’autre bout de l’édifice ? Votre téléphone est connecté au web, donc à portée de tout ce que vous voulez savoir !
  • Il existe des applications gratuites qui vous permettent de mesurer des objets avec la caméra de votre téléphone. En principe, vous pouvez donc même remplacer votre ruban à mesurer par votre téléphone ! Toutefois, j’ai essayé quelques applications de mesure et le bon vieux ruban à mesure demeure le plus facile (et rapide) à utiliser !
  • En terminant, vous pourriez aussi utiliser votre téléphone pour prendre des notes et donc remplacer le calepin. Ceci dépend de votre niveau d’habileté avec un clavier de téléphone intelligent. Si vous excellez en la matière, alors vous pouvez exploiter les nombreuses possibilités que vous offre la technologies, avec des app de prise de notes ou de programmation de tâches.

Voilà mon EDC archivistique. Il est probable que vous ayez d’autres outils ou stratégies quand vient le temps de traiter des documents. N’hésitez pas à commenter ce billet et de partager vos trucs et astuces avec vos collègues !

Une réflexion sur « L’EDC du parfait archiviste! »

  1. SIAGOUE

    Merci pour ce rappel des outils de ce qu’on pourrait appeler la trousse de mission de l’archiviste. Je souhaite aussi ajouter à la liste le cache nez pour se protéger des odeurs et poussière qui se dégagent des documents mal conservés. Je termine par l’indispensable blouse (blanche) même si l’archiviste la partage avec l’autre…
    Archivistiquement

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