DANIEL DUCHARME, chargé de cours
Le 1er février dernier, Archives 21 a diffusé un billet invitant les étudiants à participer à cette 5e Journée des archives. Je ne sais pas si cet appel a été entendu par les étudiants. En revanche, ce fut le cas pour la communauté archivistique puisque plus de 110 personnes y ont répondu, des jeunes comme des professionnels confirmés, des laïcs comme des religieux.
Cette 5e Journée des archives du Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ) s’est tenue à Trois-Rivières, secteur Cap-de-la-Madeleine, le 27 avril 2018. Pour sa cinquième édition, le comité des archives du CPRQ a retenu le thème de la valeur des archives religieuses, un thème aussi fondamental qu’essentiel qui s’est décliné en trois volets : la valeur communautaire des archives religieuses, leur valeur documentaire et, enfin, le legs des communautés religieuses à la société québécoise. La Journée s’est terminée par une activité “Archives à voix haute” intitulée L’héritage d’hier vivant aujourd’hui.
Après avoir bien illustré la problématique du patrimoine religieux qui, de religieux, se transforme de plus en plus en bien culturel d’intérêt national, l’ethnologue Jean Simard a présenté les archives religieuses dans leur sens communautaire, c’est-à-dire en ce qui les rattache aux communautés, aux citoyens. Le conférencier a rappelé que la majorité des noms de lieux du Québec sont d’origine religieuse et que tous les paysages construits démontrent les signes du sacré. Églises, cimetières, presbytères, collèges, couvents font partie du décor quotidien de millions de personnes, constituant ainsi des points de repère dans le paysage culturel du Québec tout entier. Selon Jean Simard, il est de la responsabilité des élus d’œuvrer à l’avenir du patrimoine religieux. Considérer ce patrimoine comme bien culturel national s’avère un premier pas dans la bonne direction.
Le thème de la valeur documentaire des archives religieuses a été abordé par Lucia Ferreti, historienne et professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Celle-ci nous a livré un vibrant témoignage de son parcours de chercheuse dans les archives des communautés religieuses. Au fil des anecdotes, elle a illustré avec brio tout ce que documentent les archives religieuses sur le développement de la société québécoise. Avant même que le patrimoine religieux devienne un enjeu sociétal, elle s’est plongé tête première dans ces fonds pour en faire ressortir toute la valeur, toute leur utilité pour l’histoire. Dès le début des années 1980, elle a démontré le rôle social de certaines paroisses de Montréal, en particulier la paroisse St-Pierre-Apôtre animée par les Oblats qui, certes, se sont occupés de la vie spirituelle, mais aussi – et surtout, ai-je envie d’ajouter – de la vie culturelle et matérielle des paroissiens, offrant des services aux plus démunis, mettant sur pied des écoles, des bibliothèques, etc. Toutes ces connaissances que cette historienne a dévoilées au fil des ans proviennent des archives religieuses, source incontournable de l’histoire du Québec.
Pour couvrir l’ensemble de la thématique, une table ronde sur le legs des communautés religieuses a réuni sœur Rachel Lemieux (Petites Sœurs de la Sainte-Famille, Sherbrooke), sœur Carmelle Bisson (Augustines de l’Hôtel-Dieu de Québec), Janice Rosen (Archives juives canadiennes Alex Dworkin) et, enfin, Annabel Loyola, cinéaste et réalisatrice du Dernier souffle. Ces quatre témoignages, de quatre acteurs différents, ont clos la matinée, démontrant hors de tout doute l’importance des archives religieuses au Québec.
Pour obtenir le programme de cette Journée et pour obtenir le Guide d’accessibilité des archives religieuses qui a été lancé à cette occasion, veuillez suivre ce lien vers le site du Conseil du patrimoine religieux du Québec.