ANNE KLEIN, professeure adjointe,
Département des sciences historiques, Université Laval
YVON LEMAY, professeur agrégé,
École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, Université de Montréal
Dans le cadre du projet « Archives et création : nouvelles perspectives sur l’archivistique », financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (Programme Savoir, 2013-2016), nous avons déposé en décembre 2016 dans Papyrus, le dépôt institutionnel de l’Université de Montréal, un troisième cahier de recherche qui rend compte des travaux effectués au cours de la dernière année de financement des activités (2015-2016).
Tout comme le premier cahier, déposé en décembre 2014 et le deuxième, en septembre 2015, le contenu de ce troisième cahier s’avère très varié. Ana Pato, la commissaire en chef de la 3e Biennale de Bahia au Brésil en 2014, rend compte des œuvres réalisées par quatre artistes suite à la découverte de collections provenant d’un ancien musée de la police. L’analyse de leurs productions vise à montrer comment la démarche artistique est à même de faire remonter à la surface la douleur et l’injustice dont peuvent témoigner les archives et d’indiquer ainsi la voie à suivre afin d’assumer collectivement les moments troubles de l’histoire. Son texte est suivi par celui d’Annaëlle Winand, étudiante au doctorat à l’EBSI, qui s’intéresse à la production de Karl Lemieux, un cinéaste montréalais reconnu sur la scène internationale. Western Sunburn, l’œuvre qu’elle a choisie d’étudier, est à la fois une performance et un film conçu à partir de la pellicule d’un western inconnu. En l’abordant « au prisme des conditions d’utilisation », elle démontre de quelle façon l’œuvre de Lemieux permet de réfléchir au domaine des archives à différents niveaux. Même chose en ce qui concerne l’analyse de la pièce de théâtre Sauvageau Sauvageau de Christian Lapointe présentée à Montréal et à Québec en 2015. Considérant que la pièce est « un exemple de ce que pourrait être l’archive de Sauvageau », Anne Klein, professeure adjointe au Département des sciences historiques de l’Université Laval, fait valoir la manière dont les archives y sont mises à profit et, au terme de son analyse, souligne les différents enseignements qu’il est possible d’en retirer au plan archivistique. Le chercheur-archiviste Mattia Scarpulla, quant à lui, fait le bilan d’une performance littéraire offerte lors du Mois de la poésie à Québec en mars 2016. Il revient sur les diverses étapes qui ont finalement mené quatre professionnels du milieu des archives, qui ne sont pas des danseurs professionnels, à s’investir dans un spectacle où leurs gestes archivistiques se transformaient en danse. Mattia Scarpulla souligne, avec raison selon nous, que l’exploitation artistique des archives ne devrait pas constituer une exception mais une option au sein des institutions. Étudiant au doctorat à l’EBSI, Simon Côté-Lapointe conclut pour sa part un projet d’« expérimentation multimédia » dont il avait exposé les principaux aspects dans le deuxième cahier de recherche en s’intéressant plus particulièrement à la dimension de la diffusion des archives. Dans cette optique, il propose notamment la création d’Archivoscope, une plateforme numérique participative qui offrirait la possibilité d’établir un lien entre les créateurs, les institutions, les archivistes et les utilisateurs.
Ce dernier cahier comprend également un texte dans lequel nous faisons état du bilan du projet et des suites de la recherche, à savoir le besoin de reconsidérer la fonction de diffusion à la lumière de l’exploitation des archives. En effet, les travaux menés sur les archives et la création nous permettent de jeter un autre regard sur la discipline, de « Revisiter l’archivistique » en quelque sorte, et nous formulons dix propositions à cet effet.
Au final, le projet de recherche aura permis d’organiser un atelier sur les archives et l’émotion et une journée de formation précongrès sur les archives et la création, de tenir un colloque lors du 82e Congrès de l’Acfas, de présenter plus d’une vingtaine de communications et de produire une quarantaine de textes ainsi que deux thèses de doctorat, dont l’une a été déposée en 2015.
Nous aimerions profiter de l’occasion pour offrir nos remerciements au Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour son soutien financer de même qu’à tous les collaborateurs au projet de recherche, tout spécialement à Catherine Légaré et Michel Belisle qui ont respectivement assumé la conception graphique et la révision linguistique des trois cahiers de recherche.